POLITIQUE - Certains vont avoir les oreilles qui sifflent. Alors que Jean-François Copé et François Fillon s'affrontent par médias interposés pour la présidence de l'UMP, la guerre des nerfs fait rage entre les équipes des deux candidats, qui n'hésitent pas à s'apostropher, voire à se menacer à coups de téléphone portable.
Dans son édition du mercredi 29 août, Le Canard Enchaîné dévoile un le contenu d'un SMS qu'aurait adressé la semaine dernière Laurent Wauquiez, lieutenant de François Fillon, à l'eurodéputée UMP Françoise Grossetête, soutien de Jean-François Copé. "Ne t'engage pas là-dedans, tu risques de prendre une balle perdue", lui aurait conseillé l'ancien ministre de l'Enseignement supérieur. Et de joindre une explication à la menace: "tu n'auras rien pour les européennes de 2014 si François gagne".
Contactée par Le Huffington Post, Françoise Grossetête n'a pas souhaité confirmer ni démentir l'existence de ce SMS mais un soutien de Jean-François Copé nous a assuré avoir vu le message. Joint par France Inter, Laurent Wauquiez dément avoir menacé sa collègue: "Françoise est une copine, elle est de la Loire comme moi, je lui ai simplement conseillé d’être prudente dans cette période difficile".
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Copé aux militants: "Vous êtes sous ma protection"
Simple avertissement ou vraie menace, voilà qui arrange les affaires du secrétaire général de l'UMP, pas mécontent de pouvoir épingler "les petites phrases médiocres" de ses adversaires.
Dans un entretien accordé au Figaro Magazine, Jean-François Copé joue d'ailleurs à merveille la carte du martyr face aux attaques des "amis de François". "Il m'arrive même parfois de me demander, voyant le ton qu'ils utilisent contre moi, s'ils ne sont pas plus agressifs à mon encontre qu'à l'égard des socialistes", tacle le député-maire de Meaux.
Mardi 28 août, lors d'un café-politique réunissant quelques 200 jeunes de l'UMP à Paris, Jean-François Copé a tenu à rassurer ses troupes. "Ne vous laissez pas impressionner. Vous êtes sous ma protection. Si vous recevez des textos de menace, vous me les apportez et je m'occupe du reste".
Dans la salle, les témoignages affleurent. "Si vous n'êtes pas élu, je peux faire une croix sur ma carrière politique", jure une militante parisienne avec des trémolos dans la voix. Les cadres de la fédération UMP de Paris, la première de France en nombre d'adhérents, qui soutiennent François Fillon, en prennent pour leur grade.
Une jeune toulonnaise, récemment installée à Paris, s'alarme de la "dictature du fillonisme" dans cette citadelle de la droite. Hubert Falco, sénateur-maire de Toulon et patron de la puissante fédération du Var, devrait en effet rallier François Fillon dans les prochains jours. Gonflant le torse, Jean-François Copé assure ne rien ignorer de "ce qui se passe à Toulon" et promet de faire le déplacement pour défendre sa "version des faits" auprès des militants.
Un jeune secrétaire national de l'UMP, fervent supporteur de Copé, l'assure: "c'est une campagne qui va se gagner avec les dents". Et avec les poings, manifestement.